Agamemnon a d’abord été imaginé et interprété en 2014 par des comédiens professionnels et des lycéens à l’issue d’une résidence d’artiste d’un an au Lycée Rosa Parks (Neuville-sur-Saône).
Créer Agamemnon avec un groupe de lycéens s’était imposé comme une évidence. En effet, le chœur antique, présent dans l’œuvre de Sénèque, représente la Cité, le peuple. Le chœur a pour rôle de commenter les discours politiques et les actions des puissants. Donner cette parole aux jeunes, c’était les amener à réfléchir et à se positionner, c’est-à-dire contribuer à leur formation de futurs citoyens. Cette mise en abîme de la place de chacun dans l’histoire collective, au sens propre comme au sens figuré, a donné cette idée de faire intervenir une partie du public directement sur scène.
Le spectacle a été joué dans le cadre du festival Les Rencontres de Theizé́, ainsi qu’au Théâtre des arènes de Fourvière pour les Journées du patrimoine 2014.
Comme son prédécesseur, le texte est écrit avec un double objectif : une première lecture est destinée aux petits (langue simple, mise en scène ludique, et humour, toujours) et une deuxième lecture, adressée aux adultes, fait le lien entre le récit mythologique et ses enjeux aujourd’hui.
Synopsis
Couronné de gloire après ses exploits lors de la guerre de Troie, Agamemnon, roi de Mycènes, revient auprès de sa famille après vingt ans d’absence. À ses côtés se trouve Cassandre, princesse troyenne qu’il s’est attribué comme trophée de guerre. Il ne réalise pas que le plus grand danger réside au sein de sa propre demeure ; sa femme, Clytemnestre est au supplice. Comment accueillir en héros victorieux l’homme qui a sacrifié sa propre fille Iphigénie afin d’assurer la victoire des Grecs ? Celui-là même qui retourne auprès d’elle aux bras d’une autre femme ?
Poussée par son amant Egisthe, Clytemnestre organise l’assassinat d’Agamemnon. Ce crime est impardonnable aux yeux de ses enfants, Electre et Oreste. Menacé par la colère de l’usurpateur Egisthe, Oreste, successeur naturel sur le trône, s’enfuit. Electre reste, seule à la cour, à attendre le retour de son frère tout en rêvant tout haut à une juste vengeance.
Si la tragédie antique raconte les origines du monde et des passions, Agamemnon s’y emploie de manière brute, déstructurée, tel un chantier inachevé, une matière première qui trouverait perpétuellement son incarnation dans le présent. Cette pièce est un grand récit épique sur la relation entre l’Humain et le Divin, la complexité du couple et du cercle familial, la fragilité de l’existence. Mais Agamemnon est aussi et avant tout une pièce politique, puisqu’elle raconte l’histoire d’une société qui bascule et qu’elle traite de questions brûlantes comme la responsabilité des Chefs d’Etat, les conséquences des guerres par-delà les frontières, les passions nationales, les enjeux du pouvoir.